La marque

Une étoile est née.

Mais elle ne peut briller de toute sa force. Un espèce de voile occulte sa lueur. Comme une ombre qui chercherait à faire disparaître le meilleur de l’étoile.

Rien de violent, rien de frontal, bien au contraire. L’ombre travaille dans la continuité. Elle sait qu’elle a le temps. Doucement, imperceptiblement, elle travaille à atténuer la lueur de la petit étoile. Elle trace en son sein, en son profond, une marque. Doucement, imperceptiblement. Au début, simple éraflure. Puis elle devient sillon. Petit à petit, l’ombre avance dans son projet. L’étoile sera comme elle le veut, pas autrement. Un jour, la marque sera telle une tranchée et plus rien ne pourra être fait.

Le fossé sera tel qu’il ne pourra être comblé. L’étoile ne luira plus. Elle sera aussi terne et éteinte que l’est l’ombre. Et tout ça à cause de la marque, gravée en elle.

La marque de la Société.

Mais l’ombre, toute attentive à sa sinistre besogne, ne voit pas que l’étoile n’est pas de cet avis. La petite étoile, tenace, ne se rendant même pas compte de la menace de l’ombre, continue de luire. Pas franchement plus, mais pas moins non plus. Elle grandit. Sa lumière s’étend même un petit peu. L’ombre commence à s’inquiéter vaguement. Elle accélère son travail.

Mais la lumière de l’étoile attire un drôle de bonhomme qui passe par là. Il trouve l’étoile infiniment belle et brillante, plus qu’aucune autre dans le ciel. Il apelle l’étoile, lui dit de s’éloigner de la méchante ombre.

L’étoile comprend enfin.

Cette ombre ne veut pas son bien. Alors, elle l’empêche de continuer à marquer. Elle s’efforce de luire autant qu’elle peut, de briller. Elle aimerait bien rejoindre le drôle de bonhomme. Mais elle n’arrive pas encore à se détacher de l’ombre.

Mais l'étoile a compris. Et le drôle de bonhomme sait qu'avec un peu de patience, bientôt, elle éblouira le ciel entier.