Ma France à moi, de Diam's

Publié le par Alcien

Et oui, du rap sur mon blog (j'en connais une qui va être contente). Mais j'ai eu le coup de coeur pour cette chanson en mattant un bout des Victoires de la Musique. La chanson engagée n'est pas morte...

Ma France à moi elle parle fort, elle vit à bout de rêves,
Elle vit en groupe, parle de bled et déteste les règles,
Elle sèche les cours, le plus souvent pour ne rien foutre,
Elle joue au foot sous le soleil souvent du Coca dans la gourde,
C'est le hip-hop qui la fait danser sur les pistes,
Parfois elle kiffe un peu d'rock, ouais, si la mélodie est triste,
Elle fume des clopes et un peu d'shit, mais jamais de drogues dures,
Héroïne, cocaïne et crack égal ordures,
Souvent en guerre contre les administrations,
Leur BEP mécanique ne permettront pas d'être patron,
Alors elle se démène et vend de la merde à des bourges,
Mais la merde ça ramène à la mère un peu de bouffe, ouais.
Parce que la famille c'est l'amour et que l'amour se fait rare
Elle se bat tant bien que mal pour les mettre à l'écart,
Elle a des valeurs, des principes et des codes,
Elle se couche à l'heure du coq, car elle passe toutes ses nuits au phone.
Elle paraît feignante mais dans le fond, elle perd pas d'temps,
Certains la craignent car les médias s'acharnent à faire d'elle un cancre,
Et si ma France à moi se valorise c'est bien sûr pour mieux régner,
Elle s'intériorise et s'interdit de saigner. Non...

C'est pas ma France à moi cette France profonde
Celle qui nous fout la honte et aimerait que l'on plonge
Ma France à moi ne vit pas dans l'mensonge
Avec le coeur et la rage, à la lumière, pas dans l'ombre

Ma France à moi elle parle en SMS, travaille par MSN,
Se réconcilie en mail et se rencontre en MMS,
Elle se déplace en skate, en scoot ou en bolide,
Basile Boli est un mythe et Zinedine son synonyme.
Elle, y faut pas croire qu'on la déteste mais elle nous ment,
Car nos parents travaillent depuis vingt ans pour le même montant,
Elle nous a donné des ailes mais le ciel est V.I.P.,
Peu importe ce qu'ils disent elle sait gérer une entreprise.
Elle vit à l'heure américaine, KFC, MTV Base
Foot Locker, Mac Do et 50 Cent.
Elle, c'est des p'tits mecs qui jouent au basket à pas d'heure,
Qui rêvent d'être Tony Parker sur le parquet des Spurs,
Elle, c'est des p'tites femmes qui se débrouillent entre l'amour,
les cours et les embrouilles,
Qui écoutent du Raï, RnB et du Zouk.
Ma France à moi se mélange, ouais, c'est un arc-en-ciel,
Elle te dérange, je le sais, car elle ne te veut pas pour modèle.

C'est pas ma France à moi cette France profonde
Celle qui nous fout la honte et aimerait que l'on plonge
Ma France à moi ne vit pas dans l'mensonge
Avec le coeur et la rage, à la lumière, pas dans l'ombre

Ma France à moi elle a des halls et des chambres où elle s'enferme,
Elle est drôle et Jamel Debbouze pourrait être son frère,
Elle repeint les murs et les trains parce qu'ils sont ternes
Elle se plaît à foutre la merde car on la pousse à ne rien faire.
Elle a besoin de sport et de danse pour évacuer,
Elle va au bout de ses folies au risque de se tuer,
Mais ma France à moi elle vit, au moins elle l'ouvre, au moins elle rit,
Et refuse de se soumettre à cette France qui voudrait qu'on bouge.
Ma France à moi, c'est pas la leur, celle qui vote extrême,
Celle qui bannit les jeunes, anti-rap sur la FM,
Celle qui s'croit au Texas, celle qui a peur de nos bandes,
Celle qui vénère Sarko, intolérante et gênante.
Celle qui regarde Julie Lescaut et regrette le temps des Choristes,
Qui laisse crever les pauvres, et met ses propres parents à l'hospice,
Non, ma France à moi c'est pas la leur qui fête le Beaujolais,
Et qui prétend s'être fait baiser par l'arrivée des immigrés,
Celle qui pue le racisme mais qui fait semblant d'être ouverte,
Cette France hypocrite qui est peut-être sous ma fenêtre,
Celle qui pense que la police a toujours bien fait son travail,
Celle qui se gratte les couilles à table en regardant Laurent Gerra,
Non, c'est pas ma France à moi, cette France profonde
Alors peut-être qu'on dérange mais nos valeurs vaincront
Et si on est des citoyens, alors aux armes la jeunesse,
Ma France à moi leur tiendra tête, jusqu'à ce qu'ils nous respectent.

Publié dans Paroles d'artistes

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C
Ah, et j'obliais de dire que si on y réfléchit l'histoire de l'art a souvent retenue ceux qui enfreignait les règles de leur époque :Villon au Moyen-Âge, Molière au 17e, Baudelaire, Rimbaud ou Hugo ensuite...
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C
Il n'y a pas de bon goût.La preuve en est (pour encore citer ferré) que "la lumière ne se fait que sur les tombes". Les grands chantres de la poésie considérée quasi-unanimement comme fabuleuse (et il en est de même pour les autres arts) ont souvent été décriés à leur époque. Il n'existe pas d'absolu dans le bon goût.Quand à dire que comme tout le monde reconnait la qualité s'en est forcément, je ne saurais que rapeller que la majorité n'a pas toujours raison (après tout Hitler a été élu par une majorité).Et il n'y a pas plus de bon français.Le langage évolue de lui-même et encore fois, comme je l'ai dit plus haut, refuser cette évolution me paraît aussi idiot et illusoire que de vouloir revenir aux vieux patois.Peut-être que dans un siècle ou deux le langage sms sera la norme et notre langue actuelle paraîtra désuète et vieillote, personne ne pensera même à la y revenir tout comme personne ne pense à revenir au vieux françois. Pourtant je suis certains qu'à l'époque on devait dire que le français moderne n'était pas du "bon français".
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L
Je n'ai jamais dit que la forme suffisait à faire une poésie, mais je pense, en bon classique, qu'il ne peut y avoir de fond solide sans forme, sans règle. Le romantique pense le contraire, et l'histoire de l'art et du bon goût nous dit qui a raison.Un bon français -qui n'est pas seulement un langage châtié-fait partie de ces règles.
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C
Il me semble, mon cher, que vous ayez une conception bien étriquée de l'art poétique (puisqu'apparement quiconque n'utilise pas le langage fort châtié de la classe dominante ne saurait être poète).Je ne crois pas que la poésie passe par des beaux mots, par des mots reconnus académiquement comme "poétiques". Il serait trop facile d'employer quelques mots bien définis, quelques métrages bien précis et quelque versification bien ordonnée pour donner naissance à une poésie.Je vois la poésie par la transmission d'une émotion (maintenant, cette émotion qui m'atteint dans ce texte ne vous touche peut-être pas, ce qui est légitime), que ce soit en employant "couille" ou "soliloque", que ce soit dans le langage des banlieues, qui n'est certes pas une perversion de la langue française mais son évolution naturelle, où dans celui de l'aristocratie moderne ou antique.Considérer que le verlan, l'argot et les autres nouvelles formes de français c'est "ne pas parler correctement français" est aussi stupide que de penser qu'il faudrait revenir au vieux françois ou aux patois local sous prétexte que le français d'aujourd'hui est une hérésie de la langue.De tous temps les conservateurs obscurantistes de votre type se sont opposés à l'évolution de la langue, la réservant à une élite auto-proclamée de la classe dominante. De tout temps la langue a évoluée quand même.De tous temps ces même prétendues élites ont voulut codifier l'art et l'enfermer alors que, par essence, il ne connaît pas de limites. Des artistes tels que Molière (bien que ce ne fut encore qu'un prémisse à son époque) puis les auteurs contemporains du vingtième siècle (dadaïsme, surréalisme, théâtre moderne) ont heureusement fait exploser ces barrières.Il en existe encore de nombreuses. A la nouvelle génération d'artistes, à laquelle je prétends appartenir, de les faire définitivement tomber."La poésie contemporain ne chante plus. Elle rampe. [...] Le snobisme scolaire qui consiste à n'employer en poésie que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux ou argotiques, me fait penser au prestique du rince-doigts et du baisemain. Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse. Ce n'est le mot qui fait la poésie, c'est la poésie qui illustre le mot. [...] Les plus beaux chants sont les chants de revendication."   -Léo Ferré, Préface de Poètes vos papiers.Pour mon propre avis poétique, je vous enjoint à lire mon art poétique : http://revolucions.over-blog.com/article-7095022.htmlEt quand aux assertions sur l'intelligence et la capacité de compréhension de Diam's, n'étant étayé par aucune sorte d'arguments je ne prendrais la peine d'y répondre. essayez d'élaborer une réponse intelligente et argumentée, nous pourrons peut-être avoir un intéréssant débat d'idée.@ bon entendeur
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L
"Ma France à moi leur tiendra tête, jusqu'à ce qu'ils nous respectent" :la mienne aussi, mademoiselle. J'aime le Beaujolais, pourtant je n'ai jamais cru que la police était capable de la même perfection que Dieu le Père. Comme quoi, en plus d'être une piètre poète (encore faudrait il pour se faire, que la donzelle ait du goût : j'imagine mal Corneille parler de se gratter les couilles), diam's est une vraie conne, qui ne comprend pas grand chose.La France profonde que je suis fier de représenter ne respectera pas ces pseudos artistes incapables de parler correctement français, au discours bienpensant (antiracisme© obligatoire, etc). Je lui laisse les arc en ciel, le RnB et les autres cochonneries, alors qu'elle ait la bonne éducation de nous laisser nos trains ternes, nos choristes, notre modèle de civilisation, même si rien de tout cela n'est parfait.
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